Les anciennes variétés de pommes connaissent un regain d’intérêt auprès des jardiniers passionnés et des amateurs de saveurs authentiques. Ces cultivars, souvent délaissés au profit de variétés modernes standardisées, représentent un patrimoine fruitier d’une richesse exceptionnelle. Avec plus de 20 000 variétés de pommes recensées dans le monde, dont 7 000 cultivées, les pommes anciennes offrent une diversité de goûts, de textures et d’usages qui mérite d’être préservée et valorisée au verger.
L’histoire fascinante des pommes anciennes
La pomme que nous cultivons aujourd’hui descend de l’espèce Malus sieversii, originaire des plateaux d’Asie centrale, dans la région du Tian Shan au Kazakhstan. Consommée dès le Néolithique, elle s’est propagée le long de la route de la soie pour atteindre l’Europe, où les Romains en répertoriaient déjà une centaine de variétés. Au Moyen Âge, les monastères ont joué un rôle déterminant dans le développement et la sélection de nouvelles variétés. Cette longue histoire a donné naissance à des cultivars aux caractéristiques uniques, parfaitement adaptés aux terroirs locaux.
Des variétés aux formes et saveurs singulières
Les pommes anciennes se distinguent par leur étonnante diversité morphologique. Certaines présentent des formes atypiques, comme la pomme d’api, plutôt plate et de forme étoilée pentagonale. D’autres, comme la Tête de Cheval originaire du Mortainais, offrent un calibre moyen à gros avec une forme tronconique et une chair tendre et sucrée. Ces variétés rustiques se caractérisent également par leur adaptabilité : elles peuvent servir aussi bien pour la table que pour la cuisson ou la fabrication de cidre, contrairement aux variétés modernes souvent mono-usage.
Culture et valorisation au verger
Cultiver une ancienne variété de pomme présente de nombreux avantages pour le jardinier amateur. Ces cultivars patrimoniaux démontrent généralement une meilleure rusticité et une résistance naturelle aux maladies grâce à leurs 992 gènes de résistance. Leur fertilité remarquable en fait des arbres productifs, même sans traitements intensifs. Pour réussir leur culture, il convient de respecter quelques principes essentiels : planter plusieurs variétés pour favoriser la pollinisation croisée, choisir des porte-greffes adaptés au sol et au climat local, et privilégier un sol enrichi naturellement, par exemple avec du broyat de bois qui nourrit durablement la terre.
Conservation et transmission du patrimoine
La préservation des anciennes variétés de pommes constitue un enjeu écologique et culturel majeur. En France, des conservatoires régionaux comme celui des Hauts-de-France maintiennent des collections de plus de 1 700 variétés anciennes, incluant pommiers, poiriers et autres fruitiers. Ces initiatives garantissent la pérennité de la diversité génétique face à l’uniformisation des vergers commerciaux. Pour les particuliers, cultiver ces variétés ancestrales représente un geste concret en faveur de la biodiversité. Ces pommes offrent également une excellente conservation naturelle, certaines se gardant plusieurs mois après récolte, permettant de profiter de leur saveur bien après la saison de cueillette. Redécouvrir ces trésors fruitiers, c’est renouer avec des goûts oubliés et participer activement à la sauvegarde d’un patrimoine vivant exceptionnel.